mardi 30 septembre 2025

Drapeau de France - A.M. Benoit

 


 

DRAPEAU DE FRANCE

Le bleu, c'était jadis la couleur de nos rois ; 
Sur velours troué d’or il parlait de franchise, 
De valeur, d’esprits fiers, et puis de chemins droits ; 
En bannière il semait partout la vaillantise. 

Le blanc, c’est le miroir des âmes de cristal ; 
La pâleur des lys francs en a tissé la soie ; 
Plus pur que l’eau de source et plus fort qu’un métal. 
Pour l’honneur il crie haut : St Denis et Montjoie ! 

Le rouge sera, lui, toujours, des cœurs ardents 
L’emblème qui se teinte au sang clair des blessures, 
Car, lorsqu’on aime on souffre, et les moins imprudents, 
Eux-mêmes, du combat, savent les meurtrissures... 

C’est ainsi que la France a choisi ses couleurs, 
Pour mettre en son drapeau le trésor séculaire 
Des vertus que ses fils, sans cesse, ont faites leurs : 
Foi, loyauté, bravoure et mépris du salaire.

A.M. BENOIT  

Source BnF Gallica : l'Émulation française 1er mars 1929

 

 



lundi 29 septembre 2025

Cloches - Prosper Gien

 


CLOCHES 

Il a commencé là, tout proche,
Par un long trille gracieux,
Et l’on juge délicieux
Ce monastique son de cloche.

L’écho, sur les croupes de roche,
Semble le rendre plus joyeux ;
Il a commencé là, tout proche
Par un long trille gracieux.

Le vent destructeur effiloche,
De son grand souffle vicieux
Pour le faire aller jusqu’aux cieux,
Ce religieux son de cloche
Ayant commencé là, tout proche.

Prosper GIEN

Source BnF Gallica : l'Émulation française 1er mars 1929 

 


 

samedi 27 septembre 2025

Ballade à la Louange de Jeanne d'Arc - Alfred-Paul Vausselle

 


BALLADE

A LA LOUANGE DE JEANNE D'ARC

Du ciel propice ayant compris les voix, 
Jeanne embellit sa langue maternelle, 
Et nul grand chef n’a mieux parlé françois 
Que cet enfant du peuple qu’on appelle 
La très vaillante et très bonne pucelle. 
A la raison d’où naît la déraison 
Qui justifie avec la trahison 
L’orgueil du doute et la tristesse noire, 
Elle infligea la plus forte leçon, 
Elle incarna l’esprit de la victoire. 

A Vaucouleurs qui veille au fond des bois, 
Très vigilante et sombre sentinelle, 
Elle ceignit le glaive et prit la croix 
Pour sa croisade et sa geste immortelle 
Où la foi brille, où la grâce ruisselle. 
Elle assaillit hardiment le démon 
Qui de la France eût effacé le nom, 
Et libérant les cités de la Loire, 
Menant à Reims son roi, bien qu’il dit non, 
Elle incarna l’esprit de la victoire. 

Le défaitisme ou brutal ou courtois, 
Puissant fléau, sévissait autour d’elle. 
On reniait la patrie aux abois. 
Maint et maint cœur, vivante citadelle, 
Capitulait honteux d’être infidèle. 
Comme il fallait en payer la rançon 
Avec du sang, non de l’or à foison. 
Jeanne accomplit la tâche expiatoire, 
Et triomphant jusque dans sa prison 
Elle incarna l’esprit de la victoire. 

On l’aime à Tours, on l’acclame à Chinon, 
Et l’Armagnac se joint au Bourguignon 
Pour célébrer aujourd’hui sa mémoire. 
Du bûcher même émane un clair rayon : 
Elle incarna l’esprit de la victoire.  

Alfred-Paul VAUSSELLE 

Source BnF Gallica : L'Émulation française 1er juillet 1929 

 


 

samedi 20 septembre 2025

Journées du Patrimoine en Manéhouarnie



 

👑 Avis aux amateurs de culture et de curiosités royales ! 

 
Le Royaume de Manéhouarnie ouvre les portes de sa grande salle baroque pour les Journées du Patrimoine. Venez admirer le clavecin royal (qui sonne toujours juste, même quand le roi se trompe), la harpe dorée (interdiction d’y accrocher son manteau), les violons, le violoncelle, l’orgue, et bien sûr la mythique flûte à bec, gardée comme un trésor national.

Le buste du roi veille sur tout ce petit monde… et paraît-il qu’il sourit davantage quand on applaudit bien fort ! 😄 

Il est même possible d'écouter et de voir jouer le roi avec sa flûte à bec sur cette vidéo.

 


 

vendredi 19 septembre 2025

Clair de Lune - Alexandre Parrat

 


CLAIR DE LUNE

La lune, blonde et pâle, éclaire l’ombre grise. 
Les amoureux s’en vont sous les cieux étoilés. 
Heureux du pur bonheur dont leur être est troublé 
Dans le ravissement qui le berce et le grise. 

L’obscurité les livre à sa tiède caresse. 
Son souffle imperceptible ensemble les confond. 
Et comme leur amour est immense et profond, 
Tout trahit la langueur de leur muette ivresse. 

Tout succombe au pouvoir d’un grand silence ami, 
Et le recueillement de la nuit solennelle 
En dépliant au ciel la voile de son aile. 
Fait resplendir la paix sur le monde endormi. 

Alexandre PARRAT

Source BnF Gallica : l'Émulation française 1er mars 1929

 


 

lundi 15 septembre 2025

Mon clocher natal - Joseph Serres

 


MON CLOCHER NATAL

Pâtre aux yeux vigilants, vaillante sentinelle, 
Veillant la nuit, le jour, un étrange troupeau ; 
Sachant le réveiller sans cor et sans pipeau 
Mais jouant sous l’azur divin ta ritournelle ; 

Phare au fanal éteint, ayant garde éternelle 
D’une mer où les bois sont des nefs au repos ; 
Tour où le carillon égrène à tout propos 
Quelque chanson plaintive, ou gaie ou solennelle. 

J’évoque loin de toi ton dôme gracieux 
Dont le sommet se tend comme un doigt vers les cieux, 
Et tes cloches fêtant quelque réjouissance. 

O mon clocher natal ! O toi qui dévoilas 
Aux anges qui passaient, en plein ciel, ma naissance, 
A l’heure de la mort, sonneras-tu mon glas ? 

Joseph SERRES (octobre 1929)

Source BnF Gallica : l'Émulation française 1er mai 1929

 


 

samedi 13 septembre 2025

L'Origine de la harpe - Joséphine Pascaud-Régnier

 


 

Traduction d’après Th. Moore.

 

L'ORIGINE DE LA HARPE

 

Sais-tu que cette harpe, éveillée à ma voix, 
Sirène, sur les flots, venait chanter parfois; 
Que triste elle espérait, lorsque le soir arrive, 
Voir celui qu’elle aimait, errer près de la rive ? 

Mais elle aimait en vain; les larmes de ses yeux 
Pendant toute la nuit mouillaient ses blonds cheveux. 
Le ciel enfin s’émut de sa douleur profonde. 
En harpe il transformait la sirène de l’onde. 

Sur ses lèvres errait son sourire charmant — 
Son cœur battait encore — et gracieusement 
Sa chevelure d’or sur ses bras épandue, 
En ces cordes bientôt se trouvait confondue. 

Cette harpe, dit-on, mêlait depuis ce jour, 
Aux chants de la douleur, le langage d’amour. 
C’est par toi qu’elle apprit à parler de tendresse 
Quand je suis avec toi — quand je pars, de tristesse.

 

Joséphine PASCAUD-RÉGNIER

Source BnF Gallica : L'Émulation française 1er mai 1928 

 




vendredi 12 septembre 2025

Harmonies - Poésie chantée

 


HARMONIES 

Poète ou musicien, les mêmes harmonies
Ont soulevé notre âme à l’assaut de l’azur,
Dans le rayonnement d’un idéal très pur,
Du rêve nous montons les gammes infinies.

O musique divine ! Ariette ou litanie,
Comme tu sais nous prendre et sous ton charme sûr
Nous garder longuement, aux instants les plus durs,
Triste, ou tendre, ou légère.

O Toi, voluptueuse !
Créatrice du songe et fée du souvenir,
laisse longtemps flotter au gré des rêveries
Sur les grands coeurs souffrants ta lente griserie.

"Petite âme paisible et grise"

Source BnF Gallica : Les Dimanches de la femme 11 aout 1929

 


 

lundi 8 septembre 2025

Sérénade - Marius Besson



SÉRÉNADE 

L’âme d’un violon à la lune s’effeuille 
Près de l’étang frileux comme un lilas qu'on cueille 

Et l’air, oint des senteurs vives de l’oranger, 
Jase tel un frelon envolé du verger. 

Il semble que l’Amour triomphant dans la trêve 
Au bord de ta fenêtre ait fixé quelque rêve, 

O Nymphe qui souris et gazouilles en mi 
Les déclarations de ton petit Ami. 

La nuit douce, la nuit accueillante est pareille 
A ton cœur juvénile où l’extase appareille. 

Nymphe l’ombre est divine aux souvenirs frôleurs 
Avec l’astre des lucioles sur les fleurs... 

Mais écoute : la grille a grincé, la sandale 
De l’éphèbe attendu tressaille sur la dalle. 

Pique dans tes cheveux des roses à loisir 
Pour fêter son cœur lourd d’harmonieux désir ! 

Et puis à la nuit fraîche, odorante, opportune, 
Laisse, laisse monter ta joie au clair de lune ! 

Marius BESSON

Source BnF Gallica : l'Émulation française 1er janvier 1928 

 


 

mercredi 3 septembre 2025

Au Bois de Boulogne - Émile Toscano



AU BOIS DE BOULOGNE

Sur le lac de cristal, ce miroir du feuillage, 
Un frêle esquif va, vient, laissant un long sillage 
Et les cygnes nombreux au plumage d’argent 
L’escortent de leurs cris tout en se rengorgeant... 
Près du lac, des enfants à la mine superbe 
S’amusant bruyamment à la course, au rondeau ; 
D’autres capricieux s'en vont rouler dans l’herbe 
Ou dessinent par terre en usant le râteau. 

Caressé par la brise au parfum de verdure. 
Le vieux poète songe, en ce site enchanteur, 
Au destin cruel car : « Ici bas rien ne dure » 
L’amour rêvé se tue en le frappant au cœur. 

Émile TOSCANO

Source BnF Gallica : L'Émulation française 1er mars 1929