Aujourd'hui église Saint-Antoine 78, rue Victor Guichard à Sens |
Entre 1969 et 1971, l'abbé Jean-Yves Morel, le prêtre de la paroisse, a pris connaissance de mon intérêt pour l'orgue et a organisé une rencontre avec un organiste, Jean-Charles Céruti. Ce dernier, résidant à Collemiers, venait régulièrement à Sens pour consacrer quelques heures de son temps à remettre en état de jouer l'orgue placé à la tribune de l'église. Il n'était plus utilisé et laissé à l'abandon. Je ne me souviens plus du nom du facteur qui avait construit cet instrument...
Intérieur de l'église vu de la tribune d'orgue |
Photo : Gérard Brunin | |
Au-dessus du clavier et du pupitre, une rangée de jeux tels que le bourdon, la flûte, le prestant, la trompette et d'autres encore étaient disposés à l'horizontale. Un système d'expression permettait de réguler l'ouverture et la fermeture de lames de bois (jalousies) devant le buffet, derrière les chanoines.
L'intérieur de l'orgue témoignait d'une longue inactivité, recouvert d'une épaisse couche de poussière sur la mécanique, les sommiers et la soufflerie. Les tuyaux étaient en étain pour certains, en bois pour d'autres. Nous avons retiré ceux qui étaient inutilisables et dépoussiéré les autres, en enlevant parfois des carcasses d'oiseaux.
Une partie de la tuyauterie |
La soufflerie était manuelle, exigeant de haut en bas l'actionnement d'un bras de pompe sortant du buffet sur le côté gauche de l'orgue. Cette tâche de pompage était assez exigeante à la longue, car il fallait colmater les fuites.
M. Jean-Charles Céruti avait une certaine expertise de la facture d'orgue. Lors de l'accord des tuyaux, nous étions trois personnes. Pendant que je jouais les notes, un camarade faisait office de souffleur, M. Céruti procédait alors à l'accord.
L'instrument a finalement retrouvé en partie sa voix... Nous avons réussi à le faire résonner et à le tester lors d'une messe de mariage, où les capacités de souffleur ont été mises à rude épreuve ; l'organiste a sollicité tous les jeux de l'orgue ! Par moments, l'orgue s'essoufflait, tout comme moi, et il me fallait pomper davantage...
Avec nos modestes ressources, notre dévouement et notre passion, nous avons réussi à faire réentendre cet orgue. En guise de reconnaissance, l'abbé Morel a enregistré deux morceaux avec un magnétophone à cassettes. Par la suite, il a fait graver cet enregistrement sur un disque vinyle 45 tours, qu'il nous a généreusement offert.
Aujourd'hui, il ne reste plus que quelques éléments épars de ce petit orgue à un clavier. Le buffet est vide et la majeure partie de la tuyauterie a disparu. Seuls les chanoines restent pour rappeler le souvenir de cet instrument depuis longtemps silencieux dans la nef de l'église.
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