SÉRÉNADE
L’âme d’un violon à la lune s’effeuille
Près de l’étang frileux comme un lilas qu'on cueille
Et l’air, oint des senteurs vives de l’oranger,
Jase tel un frelon envolé du verger.
Il semble que l’Amour triomphant dans la trêve
Au bord de ta fenêtre ait fixé quelque rêve,
O Nymphe qui souris et gazouilles en mi
Les déclarations de ton petit Ami.
La nuit douce, la nuit accueillante est pareille
A ton cœur juvénile où l’extase appareille.
Nymphe l’ombre est divine aux souvenirs frôleurs
Avec l’astre des lucioles sur les fleurs...
Mais écoute : la grille a grincé, la sandale
De l’éphèbe attendu tressaille sur la dalle.
Pique dans tes cheveux des roses à loisir
Pour fêter son cœur lourd d’harmonieux désir !
Et puis à la nuit fraîche, odorante, opportune,
Laisse, laisse monter ta joie au clair de lune !
Source BnF Gallica : l'Émulation française 1er janvier 1928