samedi 22 novembre 2025

Sainte Cécile - René d'Avril

 

Carte postale 1902 - Illustrateur André Dupuis 

René d'Avril (1875-1966)

 

Dame la sainte au clair visage,
Jouez emmi les angelots
Berceuse calme sur les flots :
Charme du soir tourne la page.

Gens près de vous tiennent rebec,
Aucuns doucine, aucuns doucaine ;
Fois grattent luth au col d’ébène
Tympanon bruict son clair bruict sec.

Hé, faictes-vous ley musique
Pour ce qu’êtes en Paradis,
Où sommes-nous en Paradis
Pourceque vous jouez musique ?

 

 





vendredi 21 novembre 2025

Les Pilules Savonneuses Boissy

 

Le Petit Parisien 25 janv. 1891


Gazette hebdomadaires des sciences médicales de Bordeaux 7 janvier 1912


🎶 Les Pilules Savonneuses Boissy

(Air enjoué, style chanson comique 1900)

Couplet 1

Au fond d’la pharmacie, un trésor bien rangé,
Une boîte de pilules qui promet de soulager.
Laxatives, purgatives, et même rafraîchissantes,
Elles font glisser l’quotidien… façon épatante !

Refrain

Les pilules Boissy, mes amis, quel bonheur !
Elles moussent dans l’intestin, mais sans faire de douleur.
Sans coliques, sans panique, on repart tout ragaillardi,
Grâce aux pilules savonneuses du docteur Boissy !

Couplet 2

Deux francs la boîte entière, pour quarante unités,
C’est l’genre d’affaire rare qu’on n’peut pas rater.
Elles s’émulsionnent toutes seules, comme un bain moussant discret,
Et l’ventr’ dit « merci bien », sans réclamer la nuit d’après.

Refrain

Les pilules Boissy, mes amis, quel bonheur !
Elles moussent dans l’intestin, mais sans faire de douleur.
Sans coliques, sans panique, on repart tout ragaillardi,
Grâce aux pilules savonneuses du docteur Boissy !

Couplet 3

Dans toutes les pharmacies, on en trouve à profusion,
Et chacun chante leurs vertus avec conviction.
« Prenez donc celles-ci ! », dit le pharmacien ravi —
« Après ça, mon bon monsieur, vous serez tout… aéré ! »

Refrain final

Les pilules Boissy, mes amis, quel bonheur !
Elles moussent dans l’intestin, mais sans faire de douleur.
Un remède parfumé… et l’humeur qui rebondit :
Vive les pilules savonneuses, vive Monsieur Boissy !


©dboissy (2025)

 


 

lundi 17 novembre 2025

Le fameux hymne anglais "God Save The King"

 


Comment la fistule anale de Louis XIV devint le fameux hymne anglais "God Save The Queen/King🎶  

En 1686, Louis XIV souffrait d’une fistule anale très douloureuse, une infection sérieuse à l’époque. Son chirurgien, Charles-François Félix, pratiqua une opération innovante pour la soigner, ce qui fut un véritable succès. La guérison du Roi-Soleil fut célébrée dans tout le royaume par des messes et des festivités. Un compositeur, Jean-Baptiste Lully, aurait même contribué à cette vague de célébrations en écrivant une œuvre en l’honneur de la guérison royale, accompagnée de chants religieux.

L’histoire devient intéressante lorsqu’on se penche sur l’Angleterre. Le compositeur Georg Friedrich Haendel, très influencé par la musique française, aurait été inspiré par cet air de célébration. En Angleterre, cette mélodie aurait ensuite été transformée et adaptée pour devenir l’hymne "God Save the Queen/King". Bien que les sources exactes de cette filiation musicale restent débattues, il est amusant de penser que la santé postérieure de Louis XIV ait pu influencer l’hymne national britannique.

 


       

vendredi 14 novembre 2025

Le Purgatif de Saint-Hubert

 

Publicités Françaises autrefois

 

🎵 Le Purgatif de Saint-Hubert 🎵 

Couplet 1
Dans la boutique du vieux quartier,
On vend un remède à croquer :
Un purgatif tout chocolaté,
Saint-Hubert l’a bien fabriqué !
Il dit : « Pas d’coliques, pas d’tracas,
Même les grincheux disent : “Ah !” »
Et les grains, petits bienfaiteurs,
Remettent d'aplomb les plus grognons de cœur !

Refrain
Ô Saint-Hubert, doux guérisseur,
Avec tes grains, finis les malheurs !
On rit, on chante, plus de misère…
Merci l’cacao libérateur de Saint-Hubert !

Couplet 2
Sur son pot trône un p’tit bonhomme,
Tout frisé sous son haut-de-forme ;
Il lit l’avis, l’air triomphant,
« Saint-Hubert agit… rapidement ! »
Et d’un sourire il nous rassure :
« Avec ce chocolat, c’est sûr,
On gagne du temps, on gagne en humeur…
Un vrai bonheur pour p’tites et grandes natures ! »

Refrain final
Ô Saint-Hubert, doux guérisseur,
Avec tes grains, finis les malheurs !
On rit, on chante, plus de misère…
Merci l’cacao libérateur de Saint-Hubert !

©dboissy (2025)

 


mercredi 12 novembre 2025

🏅 Le Concours du Meilleur Piéton

 


🏅 Le « Concours du Meilleur Piéton » - quand la prudence valait 20/20 !

Dans les années 1950, le quotidien France-Soir organisait, avec le concours bénévole de l’Orphelinat Mutualiste des Polices de France et d’Outre-Mer, un étonnant Concours du Meilleur Piéton.
L’objectif ? Encourager les bons comportements sur la voie publique, à une époque où la sécurité routière n’en était encore qu’à ses débuts.

Chaque délégué – souvent un représentant de l’ordre ou un bénévole agréé – disposait d’un carnet à souches. Lorsqu’il remarquait un passant exemplaire, il remplissait un volet de distinction : y figuraient le nom et l’adresse du piéton, la note attribuée sur 20, ainsi que les motifs d’appréciation. Le double du bulletin restait attaché au carnet, tandis que le second volet était remis au piéton récompensé, qui pouvait ainsi participer à la finale du concours et espérer remporter l’un des nombreux prix offerts par France-Soir.

Les critères d’évaluation étaient précis et pleins de bon sens :

Est distingué “bon piéton” parce que :
  • Il a traversé dans les clous.
  • Il a fait un détour pour emprunter le passage clouté.
  • Il a attendu que le feu soit au rouge (côté chaussée) pour traverser.
  • Il a tenu sa droite dans le passage clouté.
  • Il n’est pas descendu sur la chaussée avant l’arrivée ou après le départ d’un autobus.
  • Il a tenu compte des signaux faits par le gardien chargé de la circulation.
  • Il a manifesté par son attitude générale une parfaite compréhension des problèmes posés par la circulation des piétons.
  • Il a spontanément aidé un enfant, un aveugle ou un vieillard à traverser.
  • Il a ramassé ou écarté un objet dangereux tombé sur la chaussée (verre, pelure d’orange, etc.).

Ce concours, à la fois civique et bon enfant, témoigne d’une époque où la courtoisie urbaine faisait l’objet d’une véritable pédagogie publique.
Recevoir une telle distinction, signée du délégué et tamponnée « France-Soir », devait sans doute être une petite fierté, et une belle leçon de civisme.

Lien vidéo sur le site de l'INA

 


 


🎵 Le Meilleur Piéton 

(Chanson humoristique — style guinguette, valse ou fox-trot léger)

Couplet 1
Ce matin sur les grands boulevards,
J’ai croisé l’agent du trottoir,
Il m’a dit : « Bravo, mon vieux !
T’as traversé d’un pas joyeux ! »
Il m’a tendu son petit carnet,
En notant sans s’faire prier :
« Dix-sept sur vingt pour l’élégance,
Et la prudence en abondance ! »

Refrain
👒
Ah ! quel honneur, mes bons amis,
D’être un piéton bien poli !
Je marche droit, je fais le tour,
J’respecte les feux, nuit et jour !
Et si France-Soir m’voit passer,
Je serai p’t-être distingué !
J’veux ma médaille, mon fanion :
Le Meilleur Piéton de la Nation !

Couplet 2
J’fais des détours pour les passages cloutés,
Même quand la rue est déserte, l’été…
Je tends la main à la p’tite mémé,
Et j’ramasse les pelures tombées.
J’ai le regard du bon citoyen,
Qui attend l’vert sans faire l’malin,
Et quand j’croise un agent du coin,
J’lui souris comme un vrai saint !

Refrain
🎩
Ah ! quel honneur, mes bons amis,
D’être un piéton bien appris !
Je marche droit, je fais le tour,
J’respecte les feux, nuit et jour !
Et si France-Soir m’voit passer,
Je serai p’t-être distingué !
J’veux ma médaille, mon fanion :
Le Meilleur Piéton de la Nation !

Pont (parlé ou chanté façon revue)

— « Attention, monsieur ! Vous n’êtes pas dans les clous ! »
— « Oh pardon, j’étais distrait par une affiche du concours ! »
— « Pas d’excuse, on vous retire deux points sur vingt ! »
— « Eh bien tant pis… j’irai à pied jusqu’à la finale ! »

Dernier refrain
🥇
Ah ! quel honneur, mes bons amis,
D’être un piéton averti !
J’fais pas d’excès, j’fais pas d’bruit,
Et j’traverse sans parapluie !
Et si le sort m’est favorable,
J’verrai mon nom dans l’journal !
Vive les clous et l’émotion :
Du Concours du Meilleur Piéton ! 

©dboissy (2025)

 


 

mardi 11 novembre 2025

Onze Novembre - Marcel Dauterribes

 


ONZE NOVEMBRE

Onze Novembre ! O date à jamais mémorable ! 
Heureux qui le vécut ce réveil admirable, 
Annonce d’une aurore où sombrait la terreur. 
C’est toi qui condamnas un néfaste empereur 
A voir se débander ses phalanges altières 
Pendant que nos poilus, par delà les frontières, 
Affirmaient leur vaillance au monstre confondu 
D’avoir vu l’aigle noir à jamais abattu 
Et notre coq gaulois claironner la victoire. 

Honneur à vous, héros! Vos grands noms dans l’histoire 
Demeureront de ceux que l’on n’oubliera pas. 
Car c’est en ce jour-là que le bruit des combats 
A tout jamais cessa sur les champs de bataille, 
Et qu’enfin le canon qui crachait la mitraille 
Fut inapte à semer le carnage et l’effroi. 

Onze Novembre! Jour ou triompha le droit,
Jour sacré qui mit fin à l’horrible fléau, 
De tous ceux qu’on chanta tu restes le plus beau ! 

Marcel DAUTERRIBES

Source BnF Gallica : L'Émulation française 1er novembre 1929

 




vendredi 7 novembre 2025

A la chanson - Camille Ravet

 


A LA CHANSON 

Reviens, Chanson, ensoleiller la vie ! 
Reviens bercer l’idéal de nos cœurs ! 
Toi seule sais rester la douce amie, 
Fidèle même en nos jours de douleurs. 
Tous tes accents ont un charme suprême 
Lorsque, vibrants, ils résonnent soudain. 
Et si chacun très sincèrement t’aime 
C’est que tu sais maîtriser le destin. 

A l’incompris viens chanter l'espérance 
Pour éclairer ses sombres lendemains. 
Tu peux lui faire oublier sa souffrance 
En dissipant l'ombre sur ses chemins. 
L’unique but du plus humble poète 
Est de semer mille fleurs sous nos pas. 
Au nom du ciel ne reste point muette 
Quand tant de maux nous guettent ici-bas. 

Combien de fois la romance plaintive 
Sut ranimer notre cerveau meurtri ! 
Elle distrait, elle entraîne et captive 
Par la candeur d’un soupir attendri. 
Notre âme alors sent repousser ses ailes 
Pour s’élever au pays du rêveur, 
Voir les sommets aux neiges éternelles 
Où nous aimons rêver avec ferveur. 

C’est en chantant l’illustre Marseillaise 
Que nous avons détrôné les tyrans. 
Grâce aux accents d’une chanson française 
On nous a vu vaincre les conquérants. 
Quand les canons faisaient trembler la terre, 
Prêts à broyer le rêve en qui l’on croit, 
La Marseillaise, ultime cri de guerre, 
Fit triompher la Vaillance et le Droit. 

Camille RAVET 

Source BnF Gallica : l'Émulation française 1er janvier 1924

 


 

lundi 3 novembre 2025

Le Varinoporteur

 


🛞 Le Varinoporteur : la révolution à roulettes de l’abbé Varin !

Ah, 1924 ! Les barbes et moustaches sont impeccables, les soutanes bien repassées, et les curés inventent… des porte-colis roulants !

 L’abbé Jules Ernest Varin, génie inspiré du Concours Lépine, présente fièrement son Varinoporteur : un appareil si pratique, dit-on, que « même un enfant peut transporter la plus lourde valise ». Hélas, nul n’a jamais retrouvé le moindre dessin de cette prodigieuse machine : ni plan, ni croquis, ni ombre d’une roue sainte.

Était-ce un diabolique chariot à manivelle ? Une sorte de trottinette cléricale ? Ou un mini-autel roulant pour les messes en déplacement ? Le mystère demeure…

Ce que l’on sait, c’est que la presse de l’époque en raffolait : « Le public, le meilleur des juges, a trouvé dans cet appareil un élément véritable de confort et de bien-être ». Rien que ça ! On imagine déjà les fidèles sortir de la messe en se disputant pour tirer le Varinoporteur de Monsieur l’Abbé.

Vendu 75 francs (soit plus de 8 000 € actuels !), le précieux engin coûtait presque aussi cher qu’un petit orgue ! À ce prix-là, il devait au moins faire le catéchisme tout seul…

Alors, amis mélomanes, bricoleurs et nostalgiques des inventions improbables :
➡️ Qui veut de ce formidable colis roulant ?
Garanti sans péché… mais probablement sans frein non plus. 😄

 

Excelsior 13 septembre 1924

 

Le Petit Parisien 5 octobre 1924

 

🎵 Le Varinoporteur

Chanson comique en l’honneur de l’abbé Varin (1924) 

Couplet 1
Au concours Lépine un jour d’octobre,
Parmi les gadgets épatants,
Un saint abbé, l’œil clair et sobre,
S’avance en robe et fièrement :
« Voici l’Varinoporteur, mes frères !
Le colis roule sans douleur,
Finies les valises trop fières,
Place à la foi… et au moteur ! »

Refrain 1
Ohé, Varinoporteur,
Porteur de joie et de douceur !
Pour soixante-quinze francs d’époque,
C’est l’bon Dieu qui pousse ta baroque !
Huit mille euros d’not’ temps, mes sœurs,
Qui veut d’ce formidable bonheur ?
— Roule, roule, ô Varinoporteur !

Couplet 2 
On n’sait pas c’qu’il est, c’qu’il semble,
Ni s’il roulait très droit, d’ailleurs,
Mais tout l’monde riait, tout l’monde tremble
Devant l’esprit de l’inventeur.
Et si d’puis cent ans on s’interroge
Sur son secret mystérieux,
C’est qu’Varin fut, sans démagogie,
Un curé d’génie, glorieux !

Refrain final
Ohé, Varinoporteur,
Saint véhicule du bonheur !
De l’abbé Varin, louons l’adresse,
Et sa soutane en allégresse !
Concours Lépine, quel honneur !
— Vive à jamais le Varinoporteur !

 ©dboissy (2025)

 




samedi 1 novembre 2025

La Varinette de l'abbé Varin


🎶 La Varinette, le « Roi des instruments » de l’abbé Varin

Un mirliton français entre violon, violoncelle et fantaisie populaire (1919-1930)

Dans les années 1920, alors que la France se relève de la Grande Guerre et que l’esprit d’invention bat son plein, un petit instrument connaît un succès aussi bref que retentissant : la Varinette. Présentée comme « le Roi des instruments », elle promettait à chacun de devenir un musicien, du ténor au baryton, de la basse au soprano — simplement en fredonnant !

Son inventeur, l’abbé Jules Ernest Varin (1875-1956), originaire de la Manche et curé de Saint-Laurent (Paris 10ᵉ), avait conçu ce singulier appareil en 1919. L’instrument fut aussitôt récompensé : médaille d’argent au concours Lépine, puis distinction à une exposition nationale.


Un instrument aussi simple qu’étonnant

La Varinette se présente comme un petit tube muni d’une membrane vibrante : un mirliton perfectionné, proche du kazoo, qui transforme la voix en timbres instrumentaux surprenants. Selon la notice publicitaire,

« par un simple fredonnement, on peut tirer de la Varinette des sons aussi mélodieux que ceux du violon, du violoncelle ou de la contrebasse, selon le registre de la voix. »
(L’Illustration économique et financière, 22 novembre 1924)

L’abbé Varin, homme de foi mais aussi de scène, organisait de véritables démonstrations publiques. Un article de L’Action Française du 29 juin 1919 rapporte ainsi :

« La Varinette vient de faire ses débuts dans les salons de l’Œuvre Saint-Luc, boulevard Saint-Germain, devant une assistance d’élite…
Ce petit instrument mérite bien son aimable conception. Dans un orchestre, la Varinette donne l’illusion du violon, du violoncelle ou de la contrebasse… »


Un succès populaire et pédagogique

La Varinette n’était pas un gadget isolé. L’abbé Varin voyait dans son invention un moyen d’expression universel et accessible à tous, y compris aux blessés de guerre, aux mutilés ou aux enfants :

« Un mutilé, même privé de ses deux bras, peut en tirer des effets musicaux surprenants. »
(L’Action Française, 1919)

L’instrument s’imposa rapidement dans les écoles, chorales et œuvres de jeunesse : plus de trois mille établissements en France l’auraient adopté, et sa diffusion atteignit plus de cent pays en moins de trois ans, selon la presse de l’époque.

Elle fut même introduite dans plusieurs églises et chapelles, où elle servait à accompagner les chants religieux, cantiques et faux-bourdons, preuve que la frontière entre instrument ludique et usage liturgique pouvait alors être franchie avec audace.


Entre jazz, sirènes et cocoricos

La Varinette sut aussi s’adapter à l’air du temps : dans un article amusé de La Liberté (26 juin 1919), le journaliste Jean Aubray s’exclame :

« La Varinette, primée au concours Lépine, est un petit instrument à la portée de tout le monde, et dont on peut tirer un jazz-band complet ! »

La notice vantait la capacité de l’instrument à imiter aussi bien les violons que les bruits du quotidien : cor de chasse, tambour, clairon, sirène, aboiement du chien, bêlement de la brebis ou miaulement du chat… Un véritable orchestre miniature de campagne et de ville !


L’abbé Varin, prêtre-inventeur et pédagogue

Moins connu aujourd’hui, l’abbé Jules Ernest Varin fut pourtant une figure attachante du clergé parisien. Né en 1875 dans la Manche, il exerça son ministère à Saint-Laurent, où il associait musique et pastorale.
Son invention visait autant à réjouir les âmes qu’à rééduquer les corps — elle s’inscrivait dans la veine humaniste et optimiste de l’après-guerre.

Si la Varinette finit par tomber dans l’oubli, éclipsée par les nouveautés du monde moderne, elle reste le témoin d’une époque où l’on croyait encore qu’un peu d’ingéniosité et de souffle pouvaient suffire à créer la beauté.


📯 En résumé

DateÉvénement
1919Invention de la Varinette, médaille d’argent au concours Lépine
1920– ca 1952Diffusion en France et à l’étranger ; usage scolaire, religieux et populaire
Abbé Jules Ernest Varin (1875-1956)Prêtre à Paris 10ᵉ, inventeur, pédagogue et musicien autodidacte
Nature de l’instrumentMirliton perfectionné : instrument à membrane vibrant par la voix
UsageImite violon, violoncelle, contrebasse, cor, tambour, etc. ; accompagne chants ou amusements

 

🎵 « Il suffit de fredonner »

La Varinette n’était ni violon ni violoncelle, mais elle en rêvait. Par sa simplicité, son humour et sa vocation inclusive, elle mérite aujourd’hui d’être redécouverte comme une curiosité sonore d’un temps où la musique voulait unir, instruire et réjouir.


Encart publicitaire d'époque

 
L'Abbé Varin (généalogie et documents) sur Geneanet
 

La chanson de la varinette

 


🎵 La chanson de la Varinette

Couplet 1

En mil neuf cent dix-neuf, à Paris Saint-Laurent,
Un abbé plein d’idées souffla gaiement dedans.
Il rêva d’un violon qu’on jouerait sans archet,
Et naquit, tout de go, la fameuse Varinette !

Refrain :
🎶 La Varinette, quel bijou !
On la fredonne, on s’y joue !
D’un souffle clair, d’un p’tit air tendre,
Elle fait chanter les cœurs à s’étendre !
Violoncelle ou violonnet,
Tout sort d’la bouche, et sans baguette !
Merci, merci, abbé Varin,
Pour ton miracle parisien !

Couplet 2

Aux blessés de la guerre, il offrit son secret,
Un son de joie légère, un rire en contrepoint discret.
Même sans bras, disait-il, on peut faire musique honnête,
Il suffit d’un souffle et d’une Varinette !

Refrain (idem)

Couplet 3

Dans les écoles, les chorales et les fêtes du pays,
Les enfants en chœur soufflaient comme un zéphyr ravi.
Et l’Europe fredonnait, amusée, conquise, coquette :
C’était le grand triomphe de la Varinette !

Refrain 
🎶 La Varinette, quel bijou !
Dans les salons, quel remous !
Un mirliton plein de tendresse,
Qui fait danser jusqu’aux duchesses !
Violoncelle ou violonnet,
Tout sort d’la bouche, et sans baguette !
Merci, merci, abbé Varin,
Pour ton miracle parisien !

Pont

« On l’entend au chœur d’saint Luc,
Au concours Lépine, c’est l’triomphe public !
Un p’tit tuyau, un peu d’membrane,
Et tout Paris s’en émerveille, nom d’un organe ! »

Dernier refrain 

🎵 La Varinette, doux trésor,
On t’entend encore !
Sous la poussière du temps, tu chantes,
Ta joie naïve et charmante.
Violoncelle ou violonnet,
Rêve envolé, p’tit mirliton parfait !
Merci, abbé Varin, pour ton idée divine :
La Varinette vit dans nos refrains !


©dboissy (2025)

 


 

dimanche 26 octobre 2025

Sur l'épinette - René Derville

 


 

SUR L'ÉPINETTE

Sur l'épinette, vos mains frêles 
Aux doigts pâles, amenuisés, 
Ressuscitent les échos grêles 
De très vieux airs cristallisés. 

Oh, la ritournelle fêlée 
Des vieilles chansons d'autrefois 
Dont l'âme tendre si esseulée 
Palpite encore sous vos doigts. 

Oh, les paroles surannées, 
Simples comme un air de flûteau, 
Au parfum de roses fanées, 
Couleur pou de soie et Watteau. 

Et ces refrains d'un autre monde 
Revenus on ne sait trop d'où, 
Que vos belles mains vagabondes 
Réveillent d'un geste très doux. 

Toutes ces notes inconnues — 
Comme des amis de retour — 
Se pressent, vivent et menues, 
En leurs plus séduisants atours, 

Sur l'épinette où vos mains frêles 
Aux doigts pâles, amenuisés, 
Ressuscitent les échos grêles 
De très vieux airs cristallisés. 

René DERVILLE 

Source BnF-Gallica: Poésie - Cahiers mensuels illustrés - 1er janvier 1928 

 


 

samedi 25 octobre 2025

Dominik, Détective Privé

 


🎵 Dominik, Détective Privé🎵
(style chanson française à texte, ambiance feutrée de polar — rythme modéré et grave)

Couplet 1
Dans l’ombre des ruelles, son pas ne résonne pas,
Une casquette bien vissée, un regard qui voit là-bas.
Sur la plaque discrète, gravée en laiton doré,
On lit « Cabinet d’investigations », témoin de vérités.

Couplet 2
Quand les fils se dénouent dans des histoires troublantes,
Il démêle patiemment les intrigues les plus lentes.
Héritier(s) égaré(s), secrets longtemps tus,
Il marche sur les traces qu’on croyait disparues.

Refrain
Dominik, détective privé,
Gardien des vérités cachées.
Dans le silence, il observe et lit
Les lignes que personne ne voit ici.

Couplet 3
Sous la pluie ou la lune, il suit les silhouettes,
Les mensonges s’effritent quand sa patience s’apprête.
Un carnet, une loupe, et son œil affûté,
Derrière chaque mystère, une piste à révéler.

Pont (plus intense)
Quand tout s’embrouille, quand la justice s’égare,
Il avance seul, loin des regards.
Ni juge ni héros, mais messager discret,
Pour rendre au monde ce qui doit être éclairé.

Refrain
Dominik, détective privé,
Gardien des vérités cachées.
Il ne promet ni gloire ni éclat,
Mais la lumière là où règne l’ombre.

Finale (calme et noble)
Quand le jour se lève, il s’efface doucement,
L’enquête a parlé, sans bruit, simplement.
Dans les mémoires restera gravé
Le nom du détective… qui a su révéler.

©dboissy (2025)

 


 

mardi 21 octobre 2025

Le Vert Galant et la Belle Gabrielle

 

Carte postale du restaurant de la Belle Gabrielle


(Ballade à Suresnes, 1593) 


Couplet 1
Au vieux moulin de Suresnes, un soir,
Sous le ciel d’avril aux reflets d’espoir,
Le Vert Galant, le panache au vent,
Vint pour le vin… mais bien plus souvent
Pour Gabrielle aux yeux clairs de rivière,
La rose blonde aux promesses légères.

Refrain
Ô douce Gabrielle, reine sans couronne,
Dans tes bras, le roi s’abandonne.
Ni trône, ni guerre, ni palais doré,
Ne sauraient jamais le détourner
Du vin de Suresnes et de tes baisers,
Ô Belle Gabrielle, à jamais aimée.

Couplet 2

Sous la treille, ils burent à leur amour,
Le vin doré scella ce doux séjour.
« Ma mie, ma reine, oublions Paris,
La cour est froide, ici je vis. »
Dans le vent tiède montait la promesse,
D’un cœur à jamais lié par tendresse.

Refrain
Ô douce Gabrielle, reine sans couronne,
Dans tes bras, le roi s’abandonne.
Ni trône, ni guerre, ni palais doré,
Ne sauraient jamais le détourner
Du vin de Suresnes et de tes baisers,
Ô Belle Gabrielle, à jamais aimée.

Final
On dit qu’encore au vieux moulin,
Quand le vent danse au matin,
L’ombre du roi, d’un pas galant,
Cherche sa belle éperdument…

  

© dboissy (2025)

 


 

dimanche 19 octobre 2025

Fin d'Office - Alexthi


 

FIN D'OFFICE 

De l’imposante église, où vibrent les accents 
De l’orgue harmonieux modulant les prières, 
Où floconnent légers, les nuages d’encens 
Atténuant l’éclat des ors et des lumières, 
Les fidèles s’en vont. — L'office est terminé, 
Et seul un miséreux, lamentable, débile, 
L’œil fixé sur l’autel encor illuminé, 
Ne semble pas vouloir quitter le Saint Asile. 
Un invincible attrait le retient là, songeur !... 
La suave harmonie en berçant sa douleur 
Lui fait-elle revivre un souvenir d’enfance ? 
Peut-être espère-t-il la fin de sa souffrance? 
Se voit-il tout puissant pour une éternité ?... 

L’ombre envahit le temple et dans l’obscurité 
L’orgue finit son chant ainsi qu’un doux murmure, 
La voix du sacristain annonce la clôture... 
Le miséreux tressaille et le charme est détruit !... 

Transi sous ses haillons, ombre vague, il s’enfuit, 
Sans logis et sans pain dans le soir qui s’achève, 
Navré de voir si tôt s’envoler un beau rêve !... 

ALEXTHI (1912) 

Source BnF - Gallica : l'Émulation française 1er novembre 1912

 


 

vendredi 17 octobre 2025

Quand nous serons très vieux - Pierre Davril

 

QUAND NOUS SERONS TRÈS VIEUX

Quand nous serons très vieux, et que nos destinées 
Auront doublé l’écueil des rêves dangereux, 
Nous ouvrirons sans peur les portes condamnées 
Sur la chère prison des souvenirs heureux. 

Aux doux sons des hautbois, en effeuillant des roses. 
Tels des enfants divins venus pour nous charmer, 
Joyeux, ils chanteront en des apothéoses, 
Le vieux thème ayant pour refrain le verbe aimer. 

Alors nous reverrons nos douleurs, nos détresses. 
Au rythme des sanglots de nos cœurs déchirés. 
L’appel délicieux d’indicibles tendresses, 
Les silences troublants, les aveux ignorés. 

Nous sentirons vibrer, comme jadis, les ailes 
Du songe audacieux qui nous donna l'essor. 
Tandis que nos regards et nos lèvres fidèles 
Garderont leur secret dans le passé qui dort. 

Et nous tressaillirons aux strophes toujours neuves 
De l'amour, enchanteur merveilleux et cruel ; 
Un clair réveil viendra rire en nos âmes, veuves 
D’un bonheur évadé du seuil de l’irréel. 

Puis, unissant nos mains tremblantes, sans blasphème. 
Comme pour un serment grave et mystérieux. 
Nous saurons mieux porter la blessure suprême 
Quand sonnera le glas de nos derniers adieux.  

Pierre DAVRIL

Source BnF Gallica : l'Émulation française 1er mai 1929

 


 

lundi 13 octobre 2025

Le Sonnet à Euterpe - Marie-Louise Dromart


LE SONNET A EUTERPE

Non contente d'avoir cueilli comme des fruits 
Les douze sons du vers que pour toi j’enguirlande. 
Je me rêve la voix du rossignol des nuits,
Euterpe ! pour te faire à genoux mon offrande. 

Car, je voudrais pour toi ce qu’en vain je poursuis : 
Un chant qui n’eût point l’air d’être un chant de commande...
Ah ! que je ne puis-je hélas ! me tailler dans le buis, 
Une flûte aux échos d’avril et de légende !... 

Je te consacrerais cette flûte où mes doigts. 
Agiles messagers de mes fiévreux émois, 
Voltigeraient ainsi que des oiseaux d’aurore, 

Cette flûte où tiendrait le regret qui m’est cher, 
Où mon refrain fini, s’exhalerait encore 
Le parfum de mon cœur si fervemment amer !... 

Marie-Louise DROMART  

Source BnF Gallica: l’Émulation française 1er octobre 1912

 


 

samedi 11 octobre 2025

Est-il vrai que l'harmonium tue les microbes ?

 


Curieuse découverte d'un professeur norvégien EST-IL VRAI QUE L'HARMONIUM TUE LES MICROBES ?

Berlin, 22 mars (de notre correspondant particulier). Les magistrats d'Oslo viennent de s'occuper d'une affaire peu ordinaire.

Voici, en deux mots : un savant norvégien, le professeur Minsaas, a découvert des sons d'une qualité particulière ; ils sont capables de tuer des microbes et des bactéries.

L'inventeur a demandé au Tribunal de désigner un expert pour constater la vérité de ses affirmations et l'expert a remis au Tribunal un rapport dont voici la substance :

«  D'accord avec M. Minsaas. J'ai divisé un morceau de viande de veau en six parties égales : J'ai pris, en outre, six petites boites en fer-blanc trois boites sont restées dans mon laboratoire : j'y ai introduit trois morceaux de viande. Les trois autres boites, avec les autres fractions de viande, ont été plongées dans un seau d'eau placé à la distance de deux mètres d'un harmonium. L'eau du seau avait la température de 34 degrés.

M. Minsaas, étant assis a 1'harmonium, a fait retentir une série de sons pendant une demi-heure. Après cela, j'ai recueilli toutes les boites dans mon laboratoire. Au bout d'une semaine, j'ai constaté que les morceaux de viande contenus dans les premières trois boites étaient complètement pourris, par contre, la viande enfermée dans les autres récipients soumis au traitement de l'harmonium était toute fraîche. D'autres essais faits a l'Institut National de Médecine vétérinaire d'Oslo ont confirmé le fait. Il semble donc prouvé que les bactéries qui corrompent la viande de boucherie ne survivent pas aux vibrations des sons dont le professeur Minsaas garde encore le secret ».


L'Ouest-Éclair 23 mars 1933

Source BnF - Gallica 


 

 

L'HARMONIUM MAGIQUE 

Couplet 1
Dans la belle ville d’Oslo,
Un savant fait des échos,
Un professeur, très chic,
Combat les microbes en musique !
Un p’tit accord en la majeur,
Et plus de germes, plus de peur !
Pendant qu’il joue sur son clavier,
Les bactéries disent « au revoir, à jamais ! »

Refrain
Harmonium magique, harmonium fantastique,
Un petit do, un petit fa… et plus de tracas !
Les microbes s’enfuient, en criant « aïe, ouille ! »
Quand le professeur joue sa tambouille. 

Couplet 2
Dans un seau bien tempéré,
De la viande a été plongée.
Les boîtes dansaient à deux mètres,
Sous les accords du maître.
Et pendant qu’il faisait poum-poum
Les microbes ont fait boum-boum !
La viande resta toute fraîche,
Et les juges disaient : « Ça, c’est pas bête ! »

Refrain
Harmonium magique, harmonium fantastique,
Un petit do, un petit fa… et plus de tracas !
Les microbes s’enfuient, en criant « aïe, ouille ! »
Quand le professeur joue sa tambouille. 

Pont parlé

« Ah ! Si j’avais su plus tôt… j’aurais mis un harmonium dans mon frigo ! »

Couplet 3
Depuis ce jour, c’est merveilleux,
On chante à table, on rit, on est heureux.
Un petit air pour l’entrecôte,
Et même le rosbif garde la côte.
La médecine applaudit,
Et la musique… aussi !
À bas les microbes malicieux,
Vive les accords délicieux !

Refrain final
Harmonium magique, harmonium fantastique,
Un petit do, un petit fa… et plus de tracas !
Les microbes s’enfuient, en criant « aïe, ouille ! »
Quand le professeur joue sa tambouille. 
Harmonium magique, harmonium merveilleux,
Un p’tit refrain… et c’est contagieux ! 

 © dboissy (2025)

 


 

vendredi 10 octobre 2025

Chant de cor en automne - Jacques Bouchonnet

 


CHANT DE COR EN AUTOMNE

Comme un sanglot montant de la forêt lointaine, 
On entend dans le soir, le son morne d’un cor, 
L’écho s’est répété sous un sombre décor 
A l'appel douloureux de cette voix hautaine. 

Que j’aime entendre seul cette plainte incertaine 
Et s’éteindre, et renaître, après un triste accord, 
Où le vallon désert semble redire encor 
Dans l’ombre où tout s’endort ce doux chant de fontaine. 

Quand s’étant révélé de rameaux en rameaux, 
Ce murmure d’airain a bercé les hameaux, 
L’horizon vaporeux possède d’autres charmes. 

L’oiseau ne chantait plus près de l’arbre béni... 
Mais le sol garde encor cette source d’alarmes, 
Et le cor en automne est un râle infini ! 

Jacques BOUCHONNET

Source BnF Gallica - l'Émulation française 1er mars 1929 

 


 

lundi 6 octobre 2025

La Chanson de la Pianiste du Roi

 



🎹 LA CHANSON DE LA PIANISTE DU ROI 🎶

 

Couplet 1
Dans son château de gloire et d’harmonie,
Le roi de Manéhouarnie fit un grand présent :
Un piano rutilant, plus brillant qu’un rubis,
Pour Marie-Antoinette, son joyau éclatant !

 

Refrain
Oh, frappe, pianiste, sur l’ivoire enchanté,
Fais danser les gammes dans tout le comté !
Et du haut du balcon, le roi émerveillé
À sa douce musicienne crie : « Tu es la fée du clavier ! »

 

Couplet 2
Chaque matin, d’une voix qui résonne,
Elle clame au soleil son amour proclamé :
« Ô mon bon roi, vos flûtes m’emprisonnent,
Mon cœur bat la mesure à vos airs sacrés ! »

 

Refrain
Oh, frappe, pianiste, sur l’ivoire enchanté,
Fais danser les gammes dans tout le comté !
Et du haut du balcon, le roi émerveillé
À sa douce musicienne crie : « Tu es la fée du clavier ! »


Pont
Adieu les vieilles cordes, les soupirs désaccordés,
Place aux arpèges clairs, aux notes dorées !
La cour en liesse applaudit sa virtuosité,
Et tout le royaume chante dans la gaieté.


Refrain final
Oh, frappe, pianiste, sur l’ivoire enchanté,
Fais danser les gammes dans tout le comté !
Et du haut du balcon, le roi émerveillé
À sa douce musicienne crie : « Tu es la fée du clavier ! »

 

⚜️ ©royaumedemanehouarnie (2025) 

 


 

vendredi 3 octobre 2025

La Suave Melodia - Andrea Falconieri

Source : IMSLP



Andrea Falconieri (1585/86–1656) était un luthiste et compositeur napolitain actif dans plusieurs cours italiennes ; il devint plus tard maestro di cappella à Naples. Cette pièce instrumentale publiée vers 1650 est revisitée et jouée à la flûte à bec par le roi de Manéhouarnie.

 


 

⚜️ ©royaumedemanehouarnie (2025)


mercredi 1 octobre 2025

Concert de la Musique des Sapeurs-Pompiers du Morbihan

 

Le Télégramme

 

Mélancolie d'automne - Marie-Josèphe Chauvel

 


 

MÉLANCOLIE D'AUTOMNE 

L’automne sympathise à ma douleur intime, 
L’automne désolé pleure par les chemins 
Tordant ses bras noueux ainsi qu’une victime 
Qui dans l’angoisse attend de tristes lendemains. 

Déjà l’horizon noir annonce la tempête. 
L’automne épouvanté pousse un profond soupir ; 
Et les dernières fleurs soudain penchent la tête. 
Sous le baiser du vent elles semblent mourir. 

Tout parle de regret, tout gémit de détresse : 
Les feuilles sur le sol font des taches de sang. 
Tout nous parle de mort, de pleurs et de tristesse. 
Le soleil moribond se cache en pâlissant. 

Hélas ! l’hiver arrive avec son froid cortège, 
Déjà l’oiseau s’attriste et tait son doux refrain, 
Cette saison dérobe en son linceul de neige 
Les bons grains de millet et les débris de pain. 

En songeant à l’hiver mon âme se lamente ; 
A l’hiver toujours long, si morne et si dolant ! 
Ô nature, avec toi la douleur me tourmente 
Et ma plainte se mêle à l’orgue du grand vent. 

Mes rêves maintenant comme les feuilles mortes 
Tombent en tournoyant, gémissant sous mes pas. 
Dans mon esprit déçu que de tristes cohortes... 
Hélas ! rêves et fleurs, tout se fane si bas ! 

Marie-Josèphe CHAUVEL

Source BnF Gallica : l'Émulation française 1er juillet 1929 

 


 

mardi 30 septembre 2025

Drapeau de France - A.M. Benoit

 


 

DRAPEAU DE FRANCE

Le bleu, c'était jadis la couleur de nos rois ; 
Sur velours troué d’or il parlait de franchise, 
De valeur, d’esprits fiers, et puis de chemins droits ; 
En bannière il semait partout la vaillantise. 

Le blanc, c’est le miroir des âmes de cristal ; 
La pâleur des lys francs en a tissé la soie ; 
Plus pur que l’eau de source et plus fort qu’un métal. 
Pour l’honneur il crie haut : St Denis et Montjoie ! 

Le rouge sera, lui, toujours, des cœurs ardents 
L’emblème qui se teinte au sang clair des blessures, 
Car, lorsqu’on aime on souffre, et les moins imprudents, 
Eux-mêmes, du combat, savent les meurtrissures... 

C’est ainsi que la France a choisi ses couleurs, 
Pour mettre en son drapeau le trésor séculaire 
Des vertus que ses fils, sans cesse, ont faites leurs : 
Foi, loyauté, bravoure et mépris du salaire.

A.M. BENOIT  

Source BnF Gallica : l'Émulation française 1er mars 1929

 

 



lundi 29 septembre 2025

Cloches - Prosper Gien

 


CLOCHES 

Il a commencé là, tout proche,
Par un long trille gracieux,
Et l’on juge délicieux
Ce monastique son de cloche.

L’écho, sur les croupes de roche,
Semble le rendre plus joyeux ;
Il a commencé là, tout proche
Par un long trille gracieux.

Le vent destructeur effiloche,
De son grand souffle vicieux
Pour le faire aller jusqu’aux cieux,
Ce religieux son de cloche
Ayant commencé là, tout proche.

Prosper GIEN

Source BnF Gallica : l'Émulation française 1er mars 1929 

 


 

samedi 27 septembre 2025

Ballade à la Louange de Jeanne d'Arc - Alfred-Paul Vausselle

 


BALLADE

A LA LOUANGE DE JEANNE D'ARC

Du ciel propice ayant compris les voix, 
Jeanne embellit sa langue maternelle, 
Et nul grand chef n’a mieux parlé françois 
Que cet enfant du peuple qu’on appelle 
La très vaillante et très bonne pucelle. 
A la raison d’où naît la déraison 
Qui justifie avec la trahison 
L’orgueil du doute et la tristesse noire, 
Elle infligea la plus forte leçon, 
Elle incarna l’esprit de la victoire. 

A Vaucouleurs qui veille au fond des bois, 
Très vigilante et sombre sentinelle, 
Elle ceignit le glaive et prit la croix 
Pour sa croisade et sa geste immortelle 
Où la foi brille, où la grâce ruisselle. 
Elle assaillit hardiment le démon 
Qui de la France eût effacé le nom, 
Et libérant les cités de la Loire, 
Menant à Reims son roi, bien qu’il dit non, 
Elle incarna l’esprit de la victoire. 

Le défaitisme ou brutal ou courtois, 
Puissant fléau, sévissait autour d’elle. 
On reniait la patrie aux abois. 
Maint et maint cœur, vivante citadelle, 
Capitulait honteux d’être infidèle. 
Comme il fallait en payer la rançon 
Avec du sang, non de l’or à foison. 
Jeanne accomplit la tâche expiatoire, 
Et triomphant jusque dans sa prison 
Elle incarna l’esprit de la victoire. 

On l’aime à Tours, on l’acclame à Chinon, 
Et l’Armagnac se joint au Bourguignon 
Pour célébrer aujourd’hui sa mémoire. 
Du bûcher même émane un clair rayon : 
Elle incarna l’esprit de la victoire.  

Alfred-Paul VAUSSELLE 

Source BnF Gallica : L'Émulation française 1er juillet 1929