SUR L'ÉPINETTE
Sur l'épinette, vos mains frêles
Aux doigts pâles, amenuisés,
Ressuscitent les échos grêles
De très vieux airs cristallisés.
Oh, la ritournelle fêlée
Des vieilles chansons d'autrefois
Dont l'âme tendre si esseulée
Palpite encore sous vos doigts.
Oh, les paroles surannées,
Simples comme un air de flûteau,
Au parfum de roses fanées,
Couleur pou de soie et Watteau.
Et ces refrains d'un autre monde
Revenus on ne sait trop d'où,
Que vos belles mains vagabondes
Réveillent d'un geste très doux.
Toutes ces notes inconnues —
Comme des amis de retour —
Se pressent, vivent et menues,
En leurs plus séduisants atours,
Sur l'épinette où vos mains frêles
Aux doigts pâles, amenuisés,
Ressuscitent les échos grêles
De très vieux airs cristallisés.
René DERVILLE
Source BnF-Gallica: Poésie - Cahiers mensuels illustrés - 1er janvier 1928

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