MÉLANCOLIE D'AUTOMNE
L’automne sympathise à ma douleur intime,
L’automne désolé pleure par les chemins
Tordant ses bras noueux ainsi qu’une victime
Qui dans l’angoisse attend de tristes lendemains.
Déjà l’horizon noir annonce la tempête.
L’automne épouvanté pousse un profond soupir ;
Et les dernières fleurs soudain penchent la tête.
Sous le baiser du vent elles semblent mourir.
Tout parle de regret, tout gémit de détresse :
Les feuilles sur le sol font des taches de sang.
Tout nous parle de mort, de pleurs et de tristesse.
Le soleil moribond se cache en pâlissant.
Hélas ! l’hiver arrive avec son froid cortège,
Déjà l’oiseau s’attriste et tait son doux refrain,
Cette saison dérobe en son linceul de neige
Les bons grains de millet et les débris de pain.
En songeant à l’hiver mon âme se lamente ;
A l’hiver toujours long, si morne et si dolant !
Ô nature, avec toi la douleur me tourmente
Et ma plainte se mêle à l’orgue du grand vent.
Mes rêves maintenant comme les feuilles mortes
Tombent en tournoyant, gémissant sous mes pas.
Dans mon esprit déçu que de tristes cohortes...
Hélas ! rêves et fleurs, tout se fane si bas !
Source BnF Gallica : l'Émulation française 1er juillet 1929