Oh Chloé, si tu suis tel chemin, ce n’est pas Pour cueillir le myrte ou la mûre, Mais afin d’y trouver l’empreinte de mes pas Descendant la vallée avec l’eau qui murmure.
Oh Chloé, si tu sais le sens secret des chants Ce n’est point grâce à quelque Muse, Car c’est moi, tout l’été, qui fut ton maître aux champs. Moi le pâtre hâlé que ta recherche amuse.
O Chloé, si tu prends mes pipeaux oubliés, C’est bien moins pour guider les chèvres, Avec un double son de leurs rameaux liés Que pour goûter sur eux la saveur de mes lèvres.
Sous l’archet enivré par sa course lascive Les lys mélodieux et lents de Beethoven, Comme alourdis de gloire et dorés de pollen, Inclineront vers nous leur royauté pensive. Nous leur demanderons, à ces touchantes fleurs, Si l’eau diamantée et qui courbe la rose A point hâté sa mort ou sa métamorphose Et si notre rosée, à nous, ce sont les pleurs...
Mandore endolorie entre ses bras rêveurs, Front bas, enseuveli, pâle, en sa chevelure Elle semble un automne aux étranges saveurs Et sa musique est frêle et s’enfuit en fêlures…
L’écorce des bouleaux à courbe tavelure L’entoure ainsi qu’un trait du burin des graveurs… O, reposer à l’ombre de sa chevelure Mandore endolorie, entre tes bras rêveurs !...
Pour te chanter, splendeur des terres maternelles, Je n’ai qu’un roseau blond, dont j’ai fait un pipeau ; Je l’ai pris pour lancer mon appel au troupeau, Et pour sonner des ritournelles.
Agreste, il teintera dans l’air frais du matin, Ou dans le soir limpide auréolé de flammes : Il nous dira la paix lumineuse des âmes Que jamais un remords n’atteint.
Pour disciples, j’aurai les oiseaux, les cigales, Qui me feront cortège et me feront chorus, Et nos voix monteront ensemble de l’humus, Frémissant d’ardeurs sans égales.
Les échos du lointain, bruyants et querelleurs N’entendrons pas le son de ma flûte rustique ; Mais la brise des bois, généreux et mystique, En emplira toutes les fleurs.
Brises de nos étés, demandez à la Terre. Qu’un peu de ses ferveurs bouillonne dans mon sang Et fasse palpiter d’un amour incessant Mon coeur de berger solitaire !
Dormez, enfantelet, au loin sonnent les cloches ; Les hommes d’armes sont massés sur les remparts ; L’incendie allumé se resserre et s’approche. L’effroi, dans la cité, grandit de toutes parts.
Dormez, enfantelet en qui mon coeur espère, Vous vengerez un jour le deuil de la cité, Fer en main, jeune et fort, par ma voix excité, Ô cher enfantelet qui n’avez plus de père.
Gloire au maître du son, Ençant qui se prodigue, Nul désir d’infini Immolé sur la fugue : Espérons-nous un jour Bac guidera nos pas, Avec le contrepoint Calme, il sait nous calmer - Héros des temps passés
Bac, triomphant génie Autel qui ne renie Cadancé noblement, Hosti au coeur aimant. Gagner la paix céleste ? Entourant notre geste Noté parmi l’azur, Il rend l’esprit si pur - Et Dieu pour le futur
Si la viole de gambe aux plis lourds de vos robes, A chanté l’andante plaintif des rêves morts, Au coeur nous restera comme un lointain remords Le refrain des chansons lentes qui se dérobe.
Si dans la cathédrale immense un couple dort Tout de marbre vêtu – le pourpoint près de l’aube - L’orgue, sous le vitrail que perce un rayon d’or, Vous accompagnera, du crépuscule à l’aube.
Dame douce aux doux yeux, vous jouiez de la viole D’amour Le soir décolorait la fleur qui s’étiole.
C’était comme un poison subtil dans une fiole gravée au tour ? L’archet léger improvisait des babioles.
L’instrument reposait, calme sur le velours Du gorgerin : plus fugitifs coulaient nos jours… Dame douce aux yeux pers, vous jouiez de la viole D’amour.
Couplet 1
À Sainte-Berthe-aux-P’tits-Pieds,
Y’a l’harmonium du curé,
Un meuble saint, tout essoufflé,
Mais vaillant, faut l’avouer !
Quand s’avance, dans la lumière,
Une dame un peu sévère,
Les fidèles tremblent déjà :
C’est Germaine qu’on entendra !
Refrain
🎶 Elle pédale, elle pédale,
À faire pâlir les chorales,
Et d’ses doigts dodus mais précis,
Elle fait danser les cantiques pieux !
Elle transpire, elle soupire,
Et l’vieux soufflet en chavire,
Quand elle tire sur les jeux,
C’est tout l’orgue qui dit : « Mon Dieu ! » 🎶
Couplet 2
Sa voix tonne à pleine gorge,
Quand l’assemblée chante en mi-bémol,
Elle, elle module, elle forge
Des accords dignes d’un bémol !
Mozart, Bach ou César Franck,
Elle les cite sans que ça flanche,
Improvisant dans la ferveur,
Avec la grâce d’un tracteur !
Refrain
🎶 Elle pédale, elle pédale,
Avec l’allure triomphale,
Elle transpire, elle soupire,
Mais l’harmonium veut fuir l’martyr :
Germaine en quête de grandeur
A mis les tirants dans l’vapeur ! 🎶
Pont (parlé façon récitant solennel)
« Ce jour-là, elle fit un crescendo…
qui souleva trois bancs, une nappe,
et la dentier de la sacristine. »
Dernier refrain (plus lent, style grand final)
🎶 Elle pédale, elle pédale,
Une virtuose sans égale,
Et dans le chœur, même le saint
Bénit son zèle tapageur.
Car sous l’volume et la bravoure,
Y’a de la foi et d’la tendresse,
Mais l’pauvre orgue, c’est bien trop lourd…
Il rêve d’un p’tit peu de finesse ! 🎶
(Couplet 1)
Le joli mois de mai est
revenu,
Vêtu de vert tendre, il est apparu.
Il sème à
pleines mains, dans les prairies,
Des marguerites, des boutons
d’or jolis.
(Couplet 2)
Il jette aux haies
touffues les aubépines,
Dans les jardins, les pivoines
s’illuminent.
Sous son passage, tout éclate de beauté,
La
terre entière veut chanter, veut danser.
(Refrain)
Ô joli mois de mai,
Ton
sourire est léger,
Que l'on est heureux d'aimer,
Quand tu
viens nous enchanter !
Ô joli mois de mai,
Bienvenue pour
l’éternité !
(Couplet 3)
Il accroche aux arbres
les nids frémissants,
Fauvettes et pinsons répondent en
chantant.
À son appel, la plaine vibre d’émoi,
Le vent
très doux caresse les champs de blé.
(Refrain)
Ô joli mois de mai,
Ton
sourire est léger,
Que l'on est heureux d'aimer,
Quand tu
viens nous enchanter !
Ô joli mois de mai,
Bienvenue pour
l’éternité !